Haute Cour Constitutionnelle: Redorer le blason, restaurer l’indépendance, asseoir une crédibilité infaillible ?

Les neuf nouveaux membres de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) sont au complet, un nouveau mandat commence. Les yeux des citoyens malgaches sont braqués sur cette nouvelle composition dont la parité homme-femme est respectée.

A majorité magistrats, les nouveaux membres de la HCC auront une mission assez particulière, cette fois-ci. Effectivement, en dehors du cadre normal de sa mission, l’Institution aurait le devoir de rectifier certains “jugements” que l’opinion a émis à son encontre ces dernières années.

« Azo raisina fa tsy mitombina », comprenez “recevable mais non fondé”, tel a été « l’aphorisme » avec lequel l’opinion a étiqueté l’équipe sortante. Libellé ironique illustrant l’attitude, pour le moins incompréhensible des juges de l’ancienne équipe, face à l’évidence factuelle des irrégularités lors de la dernière élection présidentielle et des autres scrutins, cet énoncé serait aussi devenu un raccourci…juridique, pour éviter « les problèmes ». Une sorte de porte de sortie, à la dérobée. On se souvient du leitmotiv de l’ancien président de la HCC Jean-Eric Rakotoarisoa : « la HCC veut éviter les troubles ». Mais à quel prix ?

Focus donc pour les observateurs sur ce nouveau mandat. Les nouveaux membres étant issus de la désignation des institutions à majorité pro-régime, l’on ne se fait pas trop d’illusion quant à leur conviction humaine. Il reste à espérer, quant à leur conviction professionnelle. L’ancienne équipe, désormais prise comme référence, n’a pas su satisfaire certains souhaits de l’opinion, c’est-à-dire, rectifier ce qui était potentiellement et substantiellement su et connu de tout le monde. Des avis et des décisions pris, tantôt se rattachant strictement aux textes légaux, tantôt s’y décollant, tantôt combinant le juridique et la politique.

La nouvelle équipe serait donc appelée à remettre l’Institution dans son véritable rôle, certes, en “Raiamandreny”, mais soucieuse des faits permettant à la vraie démocratie de bien s’installer à Madagascar. Que la HCC évite d’être considérée comme une marionnette de l’Etat, c’est ce que souhaitent les citoyens. Que ses membres ne se comportent pas comme des illustres personnages redevables aux institutions qui les ont élus, c’est ce que les Malgaches espèrent.

Toutefois, vu les liens d’ordre familial ou personnel entre quelques-uns des nouveaux membres de la HCC et plusieurs personnalités appartenant à l’Exécutif, le doute gagne déjà les esprits des observateurs. On se gardera de condamner d’avance les membres entrants. Car, chevauchant deux mandats présidentiels durant son mandat, comme pour l’équipe sortante, les nouveaux juges formant la nouvelle équipe seront… « jugés » quant à leur comportement à l’issue de la présidentielle de 2023, jouissant donc, dès maintenant, une certaine…liberté provisoire.