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Madagascar signe un accord avec le FMI au prix fort

Madagascar a trouvé un accord pour un nouveau programme de FEC à hauteur de 320 millions de dollars. Mais l’accord qui doit encore avoir l’aval du conseil d’administration est assorti de plusieurs conditionnalités draconiennes.

L’Etat malgache n’avait visiblement plus le choix. Pour pouvoir conclure un nouveau programme avec le Fonds monétaire international (FMI) d’un montant de 320 millions de dollars, il a fallu accepter des concessions qui risquent d’être plus qu’impopulaires en ces temps de crise. Parmi ces recommandations figurent notamment la réduction des subventions allouées aux sociétés d’Etat. Evidemment, la Jirama figure en tête de liste et l’Etat s’est engagé en même temps à mettre en œuvre « son plan de redressement opérationnel et financier». Ce qui implique probablement la poursuite de la mise en œuvre de l’optimisation tarifaire que le chef de l’Etat a déjà ouvertement dénigré en public et demandé la suspension « à cause des hausses de prix qu’elle entraine».

L’autre point chaud de ces conditionnalités concerne le retour à la vérité de prix du carburant. Grace au système d’administration de prix mis en place par l’Etat, les prix à la pompe sont bloqués depuis plusieurs mois. Aucune hausse ni baisse n’a donc été enregistrée. Cet accord avec le FMI risque ainsi de changer la donne et d’obliger les autorités à procéder à des réajustements qui peuvent être des hausses de prix à la pompe.

Aucun délai n’est fixé sur la mise en œuvre de ces recommandations. Sauf que cet accord qui a été trouvé avec les techniciens de la mission d’inspection du FMI depuis quelques semaines devra encore être soumis à l’approbation du conseil d’administration de Washington. Rien n’est donc encore gagné pour la partie malgache qui devra sans doute montrer quelques bonnes volontés pour pouvoir espérer un premier décaissement au plus vite. Les caisses de l’Etat ont un besoin urgent de l’argent frais des aides budgétaires dont le déblocage doit passer par l’avènement d’un nouveau programme avec « ce gendarme des finances publiques » de ses pays membres. D’ailleurs, outre l’approbation du conseil d’administration, l’accord est également subordonné “à l’obtention des assurances de financement nécessaire”, selon le communiqué de presse de fin de mission des services du FMI qui avait annoncé la nouvelle. Un détail inhabituel qui a sans doute besoin d’autres éclairages quant à sa signification réelle.

Le FMI revient également à la charge sur l’utilisation des fonds destinés à la lutte contre le Covid-19. Dans son communiqué, usant des termes diplomatiques évidemment, il souligne l’importance de la transparence sur l’utilisation des financements octroyés majoritairement par les partenaires techniques et financiers. «Les autorités malgaches doivent faire davantage de progrès pour mettre à disposition du public les informations sur l’utilisation des fonds destinés à la lutte contre la Covid-19 », stipule le communiqué qui insiste également sur l’application efficace des cadres juridiques de la lutte contre la corruption.

Au niveau macroéconomique, le chef de mission du FMI pour Madagascar, Charalambos Tsangarides, rapporte que ce programme vise à soutenir la reprise après la pandémie, à préserver la stabilité macroéconomique et à faire progresser la dynamique de réforme pour stimuler une croissance durable.

“Le nouveau programme vise à reconstituer un espace budgétaire pour les dépenses et les investissements sociaux indispensables, à faire progresser le programme de réformes structurelles, y compris le renforcement du cadre monétaire et de la surveillance financière, et à améliorer la gouvernance”, détaille-t-il. L’urgence pour les autorités est d’assurer la reprise post-covid et de mettre en œuvre les réformes pour une croissance inclusive, en s’appuyant sur les priorités dans le Plan Émergence de Madagascar. Pour y parvenir, le FMI recommande à l’avance une politique budgétaire orientée vers l’accroissement des recettes intérieures et le Fisc est de ce fait appelé à redoubler d’efforts dans la collecte des recettes.

“Cela permettra de libérer des ressources publiques pour augmenter l’enveloppe de dépenses pour les secteurs sociaux, notamment la santé et l’éducation, ainsi que pour augmenter les investissements publics, tout en préservant la viabilité de la dette”, explique Charalambos Tsangarides.

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